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Réduire les Émissions pour Gagner : Un Potentiel de 430 Milliards d’Euros pour les Multinationales

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Selon les données disponibles, ignorer les émissions liées aux chaînes d’approvisionnement devient un risque financier majeur pour les grandes entreprises. Un rapport récent du BCG et d’EcoVadis estime qu’une gestion lacunaire du scope 3 pourrait entraîner jusqu’à 430 milliards d’euros par an d’ici 2030 en coûts et pertes évitables. Une analyse approfondie révèle que la montée des sinistres climatiques, la hausse des primes d’assurance et le durcissement des politiques carbone convergent pour réduire la rentabilité et fragiliser la résilience opérationnelle. Dans ce contexte, la réduction des émissions ne relève plus uniquement de la conformité : elle s’affirme comme un levier de performance et de compétitivité, comme l’illustrent les travaux sur le lien entre décarbonation et croissance présentés dans l’analyse des effets économiques de la réduction des émissions.

Les indicateurs économiques suggèrent que l’UE, engagée via le Pacte vert et Fit for 55, renforce le signal prix du carbone tout en déployant des financements ciblés. La stratégie énergie et pacte vert, l’adoption de Fit for 55 et la SNBC française structurent les trajectoires à 2030-2050. Pourtant, comme le rappelle un point d’étape récent, les engagements mondiaux demeurent insuffisants à ce stade, avec des effets attendus encore limités sur les émissions (bilan des engagements climatiques). Dans ce paysage en mutation, un groupe fictif, « Atlas Components », illustre le dilemme des multinationales : comment convertir la mesure du scope 3 en décisions d’achats, d’investissement et de design produits capables de générer un avantage concurrentiel durable ?

430 milliards d’euros et le scope 3 : risque financier et avantage compétitif de la décarbonation

Le rapport BCG–EcoVadis rappelle que les émissions du scope 3 sont en moyenne 21 fois supérieures aux émissions directes (scopes 1 et 2). Pourtant, selon les données disponibles, moins de 10 % des entreprises fixent des objectifs de réduction sur ce périmètre. Cette asymétrie explique pourquoi l’essentiel du risque carbone se concentre dans la chaîne d’approvisionnement, là où se forment les coûts liés aux aléas climatiques, à la logistique et aux matières premières.

  • Risques physiques : sinistres climatiques, ruptures d’approvisionnement, coûts d’assurance en hausse.
  • Risques de transition : prix du carbone, droits d’entrée type CBAM, exigences de reporting et de traçabilité.
  • Risques de marché : volatilité des prix de l’énergie et des intrants, préférence des clients pour des produits bas-carbone.
  • Risques financiers : coût du capital affecté par les évaluations ESG et les plans de transition.

Dans ce cadre, décarboner la supply chain devient un moteur de performance. Les gains proviennent d’économies d’énergie, d’une optimisation des achats et d’un accès facilité aux financements verts. En bref : maîtriser le scope 3, c’est sécuriser la marge et la croissance.

Réduire les Émissions pour Gagner : Un Potentiel de 430 Milliards d’Euros pour les Multinationales

Chaînes d’approvisionnement : où se forment les coûts cachés du carbone à l’horizon 2030 ?

Une analyse approfondie révèle que la facture se concentre sur quelques postes clés. Pour « Atlas Components », fournisseur mondial de pièces industrielles, les postes suivants pèsent le plus sur le cash-flow projeté à 2030.

Les indicateurs économiques suggèrent qu’une gestion active de ces postes réduit simultanément le risque et le coût du capital. Autrement dit, le coût du carbone bien piloté devient une prime de compétitivité.

Politiques publiques et financements : Fit for 55, SNBC, France 2030 et dispositifs sectoriels

Le cadre européen renforce la contrainte et la visibilité à long terme. L’adoption de Fit for 55 et la stratégie énergie et Pacte vert balisent l’effort à 2030 ; la SNBC et les appels à projets France 2030 orientent l’investissement industriel. Le ministère détaille les leviers spécifiques à la base productive dans Décarboner l’industrie, tandis que des acteurs privés proposent des solutions clé en main, comme illustré par les nouvelles initiatives de Veolia.

  • Signal prix : extension des marchés carbone et mécanismes d’ajustement aux frontières.
  • Subventions et prêts : soutien aux technologies bas-carbone, électrification et efficacité.
  • Normes : exigences d’efficacité énergétique, d’écoconception et de traçabilité.
  • Reporting : consolidation des obligations, avec une trajectoire encore débattue au niveau européen (compromis récents sur la crédibilité climatique).

Face à l’accélération des risques physiques, régulièrement rappelée par la science (mise en garde de la NASA), l’incitation à investir tôt dans l’adaptation et la sobriété devient plus forte ; plusieurs études soulignent des retours sur investissement multipliés.

Réglementations et marchés : CBAM, normes sectorielles et effets sur l’automobile et le maritime

Les secteurs intensifs sont en première ligne. Dans l’automobile, les politiques environnementales redessinent les chaînes de valeur (impacts sur l’industrie automobile), même si des assouplissements temporaires ont été actés. Côté maritime, l’absence d’accord global sur une taxe carbone robuste crée des effets d’aubaine et d’incertitude (débat international).

  • CBAM : incitation forte à décarboner l’acier, l’aluminium et les intrants critiques, impactant des groupes comme Renault sur l’amont.
  • Carburants durables : montée des SAF pour l’aérien, enjeu pour les motoristes et équipementiers (marché des carburants durables).
  • Normes produits : éco-conception et réparabilité influent sur coûts, délais et sourcing multi-régional.

Pour les directions achats, l’enjeu consiste à anticiper les droits d’entrée carbone, sécuriser les contrats énergétiques et harmoniser les spécifications bas-carbone avec les fournisseurs stratégiques. C’est la condition d’une compétitivité durable.

Feuille de route opérationnelle : mesurer, piloter et engager les fournisseurs pour créer de la valeur

Les entreprises les plus avancées suivent une séquence éprouvée. Les retours d’expérience recensés montrent qu’un pilotage rigoureux du scope 3 permet de capter des économies immédiates et d’orienter l’innovation vers des offres différenciantes. La question n’est plus “faut-il y aller ?” mais “comment industrialiser à l’échelle ?”.

  • Mesurer : consolider la donnée fournisseurs, catégoriser les postes d’émissions, intégrer les facteurs d’émissions dynamiques.
  • Fixer des cibles : objectifs absolus et d’intensité, assortis d’incitations contractuelles.
  • Décarboner les achats : basculement vers des matériaux à faible empreinte, logistique optimisée, contrats d’énergie verte.
  • Numériser : plateformes et IA pour fiabiliser la data, tout en maîtrisant l’empreinte numérique (empreinte de l’IA).
  • Mobiliser : programmes fournisseurs, formation, coopération sectorielle et dispositifs de cofinancement.

Pour ancrer ces pratiques, l’État et les filières proposent des ressources : cap sur les dispositifs de décarbonation de l’industrie et sur la montée en puissance des solutions énergétiques ambitieuses portées par des acteurs comme ENGIE, Veolia ou TotalEnergies. En parallèle, des guides à vocation pédagogique facilitent le passage à l’action, comme ce guide pour comprendre la révolution énergétique ou les démarches d’acculturation type Fresque du Climat. L’alignement entre performance et climat s’en trouve accéléré.

Études de cas : leaders sectoriels et trajectoires crédibles

Plusieurs groupes avancent avec des feuilles de route cohérentes, souvent articulées autour de la sobriété, de l’efficacité et de la substitution d’intrants carbonés. Sans prétendre à l’exhaustivité, quelques exemples emblématiques émergent.

  • Schneider Electric : déploiement de solutions d’efficacité énergétique et d’automatisation, soutien aux fournisseurs via des programmes d’accompagnement bas-carbone.
  • Air Liquide : électrolyse et hydrogène renouvelable pour décarboner l’industrie lourde, contrats à long terme avec clients et partenaires.
  • Veolia : valorisation énergétique et chaleur fatale, avec de nouvelles offres opérationnelles en 2025 (initiatives récentes).
  • TotalEnergies et ENGIE : PPA, biométhane, stockage, énergies renouvelables ; les actionnaires d’ENGIE ont confirmé la trajectoire verte (validation stratégique).
  • Safran : montée en puissance des carburants durables d’aviation et optimisation des chaînes de sous-traitance (tendances du marché SAF).
  • Saint-Gobain : matériaux bas-carbone, four électrique et circularité pour réduire l’intensité de production.
  • Danone et L’Oréal : transformation des filières agricoles et packaging, contractualisation pluriannuelle avec bonus-malus carbone.
  • Renault : éco-conception, allègement matière et approvisionnements décarbonés pour anticiper les signaux réglementaires sur l’auto.

Les trajectoires crédibles s’adossent à des politiques stables et à des investissements massifs : la combinaison des dispositifs publics et des stratégies d’entreprises permet de transformer un risque de 430 milliards d’euros en gisement d’opportunités, comme le confirment les retours récents sur la baisse mesurable des émissions à périmètre comparable. L’essentiel se joue désormais dans l’exécution à grande échelle et la robustesse des chaînes d’approvisionnement.

Cécile Divolic

Cécile Divolic

Passionnée par les enjeux économiques contemporains, je m'efforce de déchiffrer les tendances et d'informer le grand public sur des sujets complexes. Mon expertise et mon expérience me permettent de traiter de manière claire et accessible des thèmes variés, allant de la finance aux politiques économiques.